Sombre dimanche, Alice Zeniter - Fresque hongroise mélancolique et sublime

Les Mandy vivent dans une maison plantée au milieu des rails. Au sein d'une famille totalement dysfonctionnelle, Pal et ses grands enfants, Agi et Imre, vivent murés dans le silence, les incompréhensions, et leurs drames secrets. Ils traversent avec toute l'histoire contemporaine de la Hongrie, depuis l'insurrection de 1956 jusqu'à la période post-communiste.

A moins de trente ans, Alice Zeniter est une toute jeune auteure très prometteuse. Elle colore son roman d'une superbe mélancolie, autour de ses personnages brossés avec justesse, dans leur impuissance face à un pays perdu dans les méandres de la grande histoire, qui résonne pourtant avec leurs propres vies, entre détachement et passivité, et où toute liberté de choix leur paraît déniée. Magnifique.

Pour prolonger sur la Hongrie, c'est par ici, avec Le pont invisible (une autre grande fresque) ou L'héritage d'Esther (toute l'habileté et la sensibilité de Marai).

Commentaires

  1. Je partage ton avis sur le livre, cette mélancolie qui enrobe tout le récit. J'avais beaucoup aimé cette lecture et j'envisage toujours de rédiger une chronique dessus.
    Une petite citation que j'avais notée et qui retrace l'histoire du 20ème siècle de ce pays :
    "Il fallut attendre l’année 1961 pour qu’ils arrêtent tous les quatre de trembler à l’idée qu’on viendrait les chercher eux aussi et les pendre… Et Kadar ajouta : « Tous ceux qui ne sont pas contre nous sont avec nous »… Si Kadar acceptait les cœurs tièdes, les cœurs froids à la condition qu’ils conservent un silence poli, alors la maison au bord des rails acceptait Kadar. La peur se fit moins forte, les ventres se dénouèrent en gargouillant. Et Pal comprit que si l’année 1956 avait été si longue et si terrible, c’était parce qu’elle avait duré jusqu’en 1961"
    Pour prolonger sur la Hongrie, je conseille aussi en littérature contemporaine 2 romans sortis en 2016 : Le revers de la médaille, d'Olga Lossky et le très beau "Le dernier amour d'Atila Kiss" de Julia Kerninon.

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